Olivier Steiner La main de Tristan

Comme ses deux précédents romans Bohème et La Vie privée : La Main de Tristan est d’abord un roman d’apprentissage. Le récit de quelques années d’un jeune homme ( lui) dont la vie chaotique et adolescente croise celle d’une star du théâtre et du cinéma: Patrice Chéreau. Brève rencontre à la sortie d’une lecture de la Douleur, suivie de trois mois d’échanges – textos, mails, lettres coups de fil. Le jeune homme est à Paris, la star monte Tristan et Yseult à la Scala de Milan. L’absence, la littérature qui s’écrit entre eux tisse une sorte de roman d’amour romantique, sans autre corps que celui des mots et des images qu’ils éveillent. Amour adolescent qui sera suivi d’une sorte d’amitié parfois tendre, vigilante à l’égard du jeune homme fragile hanté par le désir de mort.

Cette histoire, ces quelques années qui ont suivi la rencontre, Olivier Steiner les écrit alors que l’on vient d’enterrer Chéreau.

Trop en marge de la vie de l’artiste pour s’agréger au cercle des intimes Steiner se tourne vers l’écriture, sensible, juste, souvent bouleversante de ces moments volés à la monotonie et à la tristesse des jours. C’est pour lui le seul moyen de faire ses adieux à celui dont il n’ose pas dire qu’il l’a aimé ou qu’il en a été aimé. Il reste à cette distance tendre et respectueuse de celui qui s’interroge sur son droit à faire son deuil. La main de Tristan est, à terme, une émouvante et pudique lettre d’amour à l’absent.